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LUMIERISTE mon ami.

  • Photo du rédacteur: Caroline Vogel
    Caroline Vogel
  • 20 mai 2007
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 avr. 2024

N'oublions jamais les précieux conseils d’André Benedetto, fondateur du festival Off d'Avignon, aux éclairagistes :

Cette page que je t'adresse est dédicacée aussi aux quelques éclairagistes qui se sont vraiment mis à notre service quand nous sommes arrivés chez eux et qui nous ont vraiment aidés dans notre misère au cours de toutes ces années. Car les plus compétents sont les plus serviables. Et d'abord un bon lumiériste sait que les gens qui arrivent chez lui ne viennent pas pour l'embêter et lui causer du tort, mais pour y faire simplement leur travail pour lequel ils ont besoin de lui. Ainsi toi pour suivre leur exemple, ne cherche pas d'abord à imposer ton autorité, ni à prouver ton originalité. Oublie tout ce que tu crois être certain. N'étale pas des trucs des manies que tu considères peut-être à tort comme des connaissances et des certitudes, parce que tu es chez toi. Ne considère pas le jeu d'orgues comme ton animal personnel de compagnie, mais comme un outil de travail. A une époque en certains lieux on ne pouvait pas y poser un doigt. Mais je crois que ça change un peu. Heureusement. Ecoute ce qu'on te dit du spectacle et ce qu'on désire obtenir. Demande des précisions sur ces résultats qu'on attend et met ensuite tout ton savoir toute ta science toute ton intelligence toute ta sensibilité toute ton imagination pour trouver les solutions les plus simples et les plus élégantes. C'est en te pliant aux exigences du spectacle, en essayant de réaliser au plus près ce qu'on te demande que tu feras œuvre de créateur, non en imposant “tes idées “. Car sans que tu t'en doutes, tes idées risquent de n'être souvent que les clichés à la mode du jour, qui nous font tellement de mal. Je connais bien des lumières, des manières d'éclairer, qui nous maintiennent dans une obscurité pesante. Plutôt n'utiliser qu'un seul projecteur si tu n'as que très peu de moyens, que d'essayer de singer les lumières en vogue, suspectes justement parce qu'elles sont en vogue. La médiocrité dominante. Essaie de lire les lumières d'un spectacle comme si c'étaient des écritures et tu comprendras qu'elles en disent beaucoup plus que ce qu'on peut penser d'abord. Il y en a même qui disent le contraire exact de ce que disent le texte et la mise en scène. Cependant si ce qu'elles disent te convient parfaitement, va dans leur sens. Sinon, fais autre chose. De toute façon : pense un peu. Si des lumières sauvent un spectacle, c'est qu'il n'y avait pas grand chose à sauver. Pendant le spectacle prends de bonnes habitudes : ne discute pas, ne fume pas, ne bois pas de bière, ne t'éclipse pas à la moindre occasion. Sois là complètement. Ou alors disparais. Si tu ne te juges pas absolument nécessaire, qui le fera? Sauf pour un moment très court, choisis d'éclairer l'acteur plutôt que le mur. Même si cet effet te paraît porteur de beaucoup de sens, et de développements infinis, sache qu'il peut aussi provoquer des maux de tête. On veut voir et entendre, simplement ! Tu as un grand rôle à jouer : donner à voir, créer des ambiances, des univers, signaler des lieux, des personnes, des époques, des temps, dévoiler, trouer soudain la nuit, la faire tomber de mille manières, faire danser les lumières, etc... Ne gâche pas ce grand rôle. En matière de son, il n'y a guère mieux que la voix sans apprêt, toute nue toute seule. En matières de lumières, vive la lumière du jour, du sud bien sûr, à midi en hiver, en peu plus tard en été, pour éclairer nos jeux. Un soir j'en ai entendu un faire une conférence sur les éclairages sans parler du soleil. Etonnant n'est ce pas ?

André Benedetto, Ecrits sur la pratique,14.04.1996

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