Les axes

L’acteur est un oursin. Son centre de gravité est le départ de rayons multiples qui représentent chacun la direction potentielle d’une intention.

Ces rayons sont les axes du comédien. Travailler la diversité de ses axes est primordial. Chaque intention est envoyée dans une direction ; elle est dirigée vers un objectif qui se situe dans l’espace qui entoure le comédien. Ainsi l’espace de jeu devient un espace de représentation des pensées de l’acteur.

Où situer l'objectif de son intention? Dans quelle direction projeter sa pensée, son intention de jeu?

Sur la scène, la pensée devient matérielle. Même si elle reste invisible, elle existe. Et pour qu'elle puisse exister, l'acteur doit pouvoir la situer précisément dans l'espace.

D'ailleurs, cette pensée ne sera pas nécessairement "accrochée" à un objet ou un élément du décor. Nul besoin de support concret, juste une place, un endroit bien délimité quelque part sur scène.

Pour mieux situer sa pensée dans l'espace de jeu, l'acteur peut se servir d'un procédé appelé : "échelle du réel".

Le principe est simple. Chaque comédien peut diviser l'espace qui l'entoure en trois zones imaginaires : au-dessous de la ligne d'horizon, sur la ligne d'horizon elle-même et au-dessus de la ligne d'horizon.

Mettons que ces trois zones se situent sur une échelle verticale : l'échelle de réalisation potentielle de la pensée.

La zone basse concerne les pensées tragiques : l'objectif, même atteint, ne mène à rien de bon ; l'entreprise est inexorablement vouée à l'échec...

Sur la ligne d'horizon, sont posées les pensées qui concernent le réel, implacable, présent, passé ou futur.

Enfin, au-dessus de cette ligne se situent les désirs inatteignables, les souhaits, les pensées dont on sait pertinemment qu'elles n'ont que peu de chance de se réaliser.